Chaque mois, Causette vous propose le récit d’un moment d’épiphanie sexuelle. Qu’il s’agisse d’un orgasme inoubliable ou d’une période d’abstinence, c’est la chronique d’une pépite intime et politique dans l’histoire érotique de chaque témoin. Ce mois-ci, Eva découvre le sexe avec les femmes et s’engage sur un long chemin.
Quand elle sourit, ce qui arrive très souvent, Eva dévoile ses dents du bonheur. Elle parle facilement, y compris quand son histoire s’assombrit. Celle-ci commence à Paris, quand elle a 24 ans. « J’avais embrassé une ou deux filles en soirée, j’avais trouvé ça marrant, sans associer cette attirance à de l’homosexualité. J’avais un meilleur ami gay, mais je n’avais pas compris que ça pouvait arriver aux femmes aussi ». Ca, c’était avant qu’elle ne rencontre Lili. « Elle a le même âge que moi et un mec. Je tombe éperdument amoureuse de cette fille que je fréquente platoniquement pendant un an. Je passe toutes mes soirées chez elle à boire et fumer alors que je n’aime pas spécialement ça. Je crois que j’essaie de me mettre dans un état de semi-conscience pour qu’il se passe quelque chose ». Ce quelque chose n’arrivera jamais. Il y a de la sensualité, des papouilles, mais personne ne franchit la ligne. En parallèle, Eva couche avec plein de mecs. « En moyenne deux ou trois par semaine, parfois deux le même soir, pour essayer de ressentir ce plaisir dont tout le monde parler». Au bout d’un an, toujours amoureuse de Lili, mais épuisée par les non dits, elle décide de fuir à Londres pour s’éloigner de cette histoire. L’épifounie d’Eva surgit une semaine avant le grand départ, dans une soirée. Il y a Lili, évidemment. Et puis Bertrand, et son costard-cravate. « Un beau gosse genre trader ou agent immobilier, très propre sur lui, qui me drague de manière frontale, ce qui n’arrive pas souvent. Je sens que Lili me regarde un peu de travers, mais je me sens aussi galvanisée par le mec. A la seconde où il m’embrasse, Lili se précipite sur nous, furieuse. On s’explique. Conclusion : elle a le droit d’avoir un mec et pas moi ! Bonjour l’amour toxique ! ».