Ancienne basketteuse de haut niveau, icône de la lutte anticorruption en Roumanie, Laura Kövesi dirige le nouveau Parquet européen à Luxembourg. Une institution inédite, entrée en action il y a un an pour protéger les intérêts financiers de l’Union européenne.

« Je ne peux pas sourire : je mets des gens en prison ! ». Laura Kövesi a délaissé ses dossiers trente minutes pour poser. Elle n’aime pas ça, mais plaisante volontiers avec le photographe, sous l’oeil de son officier de sécurité. Par la baie vitrée, elle regarde la cour de justice de l’Union européenne. Sans doute cogite-t-elle sur ses dizaines d’enquêtes en cours. Laura Kövesi, c’est l’histoire d’une femme, limogée pour avoir trop bien fait son travail, qui prend aujourd’hui sa revanche. Une grande brune de 1,82 mètre passée des parquets de basket aux parquets criminels. A 49 ans, elle a consacré plus de la moitié de sa vie à « mettre des gens en prison ». En Roumanie d’abord, et maintenant à Luxembourg, depuis cette tour de 17 étages. Pour des raisons de sécurité, son bureau ne peut pas accueillir le shooting photo. Il aura fallu plus d’un an pour la rencontrer. En même temps, il aura fallu plus de vingt ans à l’institution qu’elle dirige pour voir le jour. On pouvait bien patienter un peu. La voilà souriante, détendue et d’humeur badine, malgré la pression qui pèse sur ses épaules. Elle répète sa joie. « Je suis très heureuse d’être ici, je suis honorée et débordée à la fois. Je me sens surtout très fière en tant que femme d’Europe de l’Est que l’on m’ait confié cette responsabilité. Le parquet européen n’a aucun précédent, c’est une aventure unique. L’équipe est incroyable. Ils sont professionnels, courageux, constructifs. Ils ne sont pas juste ici pour avoir une carrière européenne. ».

[…] Lire la suite dans Causette n°133, mai 2022