Journaliste, autrice et podcasteuse, Nora Bouazzouni décline sa passion pour la bouffe à toutes les sauces. Elle sort un nouveau livre, Steaksisme, en finir avec le mythe de la végé et du viandard, qui mêle alimentation, stéréotypes de genre et allusions sexuelles. Rencontre.

Votre nouveau livre en quelques mots ?

Nora Bouazzouni : Ca s’appelle Steakcisisme, pour en finir avec le mythe de la végé et du viandard pour continuer dans les jeux de mots. Je dresse un parallèle entre l’alimentation et l’oppression des femmes et j’explore la construction d’un goût genré, notamment à travers le marketing. Pour résumer, les études de consommation montrent que les femmes mangent plus de yaourts et de chocolat que les hommes, qui eux consomment plus de sodas et de charcuterie. La question que je me pose, c’est qui de la poule ou l’oeuf est arrivé en premier entre cette alimentation genrée et sa représentation dans la publicité.

Quand et comment se construisent les goûts genrés?

NB : La manière dont on éduque les garçons et les filles influence les habitudes de consommation. Et ça commence très tôt : vers 11-12 ans, garçons et filles mangent déjà différemment. Les premiers sont encouragés à finir leur assiette à la cantine, tandis que les secondes ont déjà compris que l’injonction à la minceur va les suivre toute leur vie. On voit d’ailleurs assez peu de jeunes filles manger dans les publicités. Plus tard, la bouffe n’est pas un sujet pour les hommes, ça ne domine pas leur pensée. Pour les femmes, penser à ce que la nourriture fait à notre silhouette est une tâche de fond permanente. Ce n’est pas inné, ni biologique, c’est une construction culturelle.

[…] Lire la suite dans le hors-série n°15 de Causette (printemps 2021)