Laure Pitras, 44 ans, est croupier dans un casino. Depuis plus de 20 ans, elle brasse des cartes, des jetons et des millions. Travail de nuit, dextérité, exigence, calcul mental : pour elle, c’est tout sauf un jeu.

Une salle de jeux, c’est du sport, de la testostérone, des insultes parfois, des chaises qui volent parce que deux clients s’accusent d’avoir mal joué. Pendant des années, les croupiers ont dit “Messieurs, faites vos jeux”. Tout simplement parce qu’il n’y avait aucune femme parmi les joueurs. Jusqu’en 1984, elles n’avaient même pas le droit de travailler dans un casino. Aujourd’hui, on dit seulement “faites vos jeux”, car la fréquentation s’est féminisée. J’ai appris les jeux d’argent avec mon père : on pratiquait la passe anglaise avec ses copains et des jetons. Croupier, c’est le seul métier que j’ai toujours voulu faire. J’ai eu le déclic à 16 ans, en voyant un reportage télé sur une femme qui tenait le casino de Cannes. J’ai passé un bac L à Avignon et je suis partie en formation dans le casino de Vittel pendant six mois. Comme c’était gratuit, on était nombreux au début, puis ça dégrossi rapidement en fonction des aptitudes dont on faisait preuve. A la fin, on était plus que trois. Aujourd’hui, des écoles proposent des formations payantes de six à huit semaines, ce qui est très court pour maîtriser les jetons. En début de carrière, le ministère de l’Intérieur nous délivre une carte d’agrément, après avoir vérifié notre casier judiciaire. On la fait tamponner dans chaque casino où on passe.

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