Pour comprendre le climat du passé et expliquer celui d’aujourd’hui, Christophe Leroy-Dos Santos a installé un instrument de mesure en Antarctique, où il a vécu un an. A 34 ans, il termine sa thèse, élève ses deux filles et pense déjà à sa vie après les sciences.

Comme la plupart des gens normaux, Christophe Leroy-Dos Santos éprouve un plaisir paradoxal à se raconter : il est à la fois flatté qu’on écoute son parcours peu commun, mais aussi inquiet de ne pas être assez intéressant. « C’est cliché, mais j’ai toujours été passionné de sciences, je me levais le dimanche pour ne pas rater C’est pas sorcier. J’ai toujours voulu comprendre comment fonctionnaient les choses que j’avais dans la main. A 20 ans, il a été clair pour moi que je voulais avoir une thèse ». Né en 1986 à Paris, d’un père banlieusard et d’une mère portugaise, il grandit dans la boucherie familiale où il rend la monnaie les doigts dans le nez. Le goût des maths, déjà. « J’ai toujours vu mes parents trimer, ils me disaient de faire des études pour pouvoir dormir et avoir des vacances. Aucun des deux n’a le bac ».

Le milieu de la recherche française aime les parcours linéaires : bac, études supérieurs et début de thèse vers 23 ans. Christophe Leroy-Dos Santos, lui, a emprunté de nombreux détours avant de concrétiser son doctorat, comme s’il avait voulu explorer les différents chemins qui pouvaient mener à son objectif. « J’ai commencé une prépa maths-physique-chimie dans une école d’ingénieur à 6 000 euros l’année. Payer pour étudier m’a rendu dingue, j’ai rejoint la fac de physique Paris VII Diderot ». Là, il prend son temps, retape sa licence, puis son M1, donne des cours de maths et travaille dans un bar en parallèle. Jusqu’à ce qu’il tombe amoureux. « J’ai découvert l’optique et les télescopes, j’ai eu un coup de foudre ». Guidé par les bonnes étoiles, il bifurque en M2 d’instrumentation astrophysique. « Les étoiles, c’est un domaine qui me fascine. Bon, en vrai, t’es derrière un ordinateur ». Mais dans des lieux qui font rêver eux-aussi.

Lire la suite dans Causette n°117 (décembre 2020)